Un Toit a Borneo

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dimanche 13 mai 2012

LE VIEUX GUERRIER SUR LA COUVERTURE

Mon Histoire En Ebook

Je n’ai jamais su son nom, et je n’ai jamais même songé à le lui demander. C’était le « Tuai Rumah » le chef de la longhouse de Kacong (prononcer catchon) sur la rivière Lemanak, à quelques heures de pirogues, de rapides et de marche à partir de la longhouse de Kesit.

Sur cette photo prise il y a une quinzaine d’années, il devait avoir soixante quinze ans ; mais les apparences trompent, surtout chez les indigènes de Bornéo ; il aurait pu tout aussi bien n’avoir que soixante ans.

La longhouse de Kacong était assez modeste ; elle n’avait qu’une dizaine de portes ; mais elle avait un charme infini, blottie sagement dans la vallée au bord de la rivière aux eaux claires. Malgré la distance et les difficultés (les rapides !) pour y accéder, j’avais pris gout à m’y rendre régulièrement et à y amener des touristes.

Lorsque une équipe de télé française m’avait contactée et demandé de les aider à trouver une vedette pour un épisode de « Faut Pas Rêver », que cette vedette devrait être une longhouse, Kacong avait été mon premier choix. L’équipe avait été ravie, le site était divin et l’accueil chaleureux.

Le lendemain de notre arrivée, le directeur d’équipe était très enthousiaste ; son histoire prenait forme autour de la vedette (la longhouse) ; il souhaitait à présent demander au Tuai Rumah de participer devant la caméra. Il n’osait pas ; le vieil homme avait l’air si frêle sur ses jambes couvertes de tatouages couleur lavande.

La veille à peine, Tuai Rumah avait charmé l’équipe de son histoire que j’avais traduite dans un micro discret. Il était venu d’ailleurs (je pense du Kalimantan) avec son peuple, alors qu’il était un tout jeune chef. Il avait fait un rêve particulièrement intense dont il avait parlé au Manan (sorcier) qui avait reconnu une prémonition : trois hommes chauves lui avaient recommandé de mener son peuple dans une autre contrée et lui avaient indiqué la direction à prendre. 

Il y avait eu un ‘ronding ‘ (réunion) durant lequel il avait relaté son rêve tandis que le Manan avait interprété. La décision avait été prise en commun et par tout le village ;  ils étaient partis guidés par leur foi qui les avait guidés jusqu'à ce site sur la rivière Lemanak.

J’avais demandé au chef, si cette exode avait été une bonne décision ? Il m’avait répondu qu’ils avaient vécu en paix (malgré l’insurrection communiste !), que le riz, les fruits, les sangliers et les poissons n’avaient jamais manqué.

Nous étions un petit groupe assis sur la natte du chef, au centre du « ruai » la véranda intérieure où les visiteurs sont reçus et où ils dorment la nuit venue. J’étais assis à la droite du chef, un autre homme de la longhouse à sa gauche et le directeur documentaire face à nous et entouré de plusieurs femmes curieuses et de leurs jeunes enfants. Lorsque je trouvais difficile de parler au chef en dialecte Iban, son assistant était là pour m’aider (nous communiquions en Malais).

Se sentait il de participer activement au cours métrage ? Pourrait-il grimper, sur une distance courte, le flanc de la colline prés de la longhouse ?

Il n’avait pas répondu tout de suite et il m’avait semblé, l’espace de quelques secondes, voir paraitre l’expression d’un un malin plaisir. Il me regarda enfin et pris ma main dans la sienne, enfin il nous donna sa réponse : « Inti nuan pegai tangan aku » (si tu me tiens la main).

Notes :

. La longhouse de Kesit et ses habitants, mes amis, avaient eux aussi été le sujet du même épisode de Faut Pas Rêver.

. Mon ami le Tuai Rumah de Kacong a quittés son village ; il apparait désormais dans les rêves du nouveau chef.

jeudi 16 juin 2011

MAITRES EN CAMOUFLAGE

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Je ne peux m’empêcher de me laisser captiver par l’univers des insectes. Ne serait-ce que le simple fait d’observer ces créatures fascinantes et j’ai l’impression de vivre une véritable aventure sans même avoir à quitter l’enceinte de mon jardin ( http://untoitaborneo.blogspot.com/2011/06/journee-theme.html).                                  
A peine ce matin je me préparais à m’installer sur la terrasse pour travailler sur mon lap-top et je déplaçais l’un des fauteuils en rotin de façon à profiter au maximum de l’effet du ventilateur au plafond.               
Je suis loin d’être la seule ici à apprécier le confort de notre salon al fresco. Il y a bien sûr ma famille et nos amis que  nous aimons recevoir mais aussi un certain nombre de visiteurs « clandestins » qui s’introduisent en profitant de la nuit : des grenouilles qui se cachent sous les coussins et se retrouvent en cohabitation concurrente avec quelques abominables cicaks ( http://untoitaborneo.blogspot.com/2011/02/partie-borneo-v-home-kuching.html), sans parler des oiseaux nocturnes qui ne manquent jamais de laisser leur parafe sur les dossiers des fauteuils sans jamais pour autant se laisser même apercevoir par l’œil curieux d’une femelle de race humaine.
Avec tous ces visiteurs décidément sans gène, il ne me reste qu’une seule ressource afin de protéger les coussins et c’est de les recouvrir de sarongs imprimés de motifs traditionnels dans l’art du tissage et, plus récemment, du batik des tribus du Sarawak à Bornéo. Une palette riche de tons verts projette, semble-t-il hors du tissu les motifs restes blancs. Ce fond de toile décliné du vert le plus clair au plus foncé me rappelle les ombres changeantes des arbres qui bordent notre Sungai*ou de ceux qui dominent la propriété et veillent sur nous depuis les flancs de la colline.             Parmi les ombres sur batik, je jurerais que certaines reflètent la pelouse au delà du plancher en bois de fer ou qu’elles reproduisent la gaieté contagieuse des rizières alentours.                                                                                         Dans ce jeu d’associations entre les couleurs de mes sarongs et le paysage végétal qui m’entoure je ne dois pourtant pas être bien loin de la vérité. Le batik blanc sur fond vert du Sarawak a des admirateurs ; il s’agit d’une famille de papilionacés maitres en camouflages dont j’ai pourtant réussi plusieurs fois à débusquer des membres parmi les motifs peints à l’encre et qui m’incitent à me poser la question suivante : qui donc, de l’artiste peintre en batik ou de l’insecte à copié l’autre ? Suis-je bête ! La Nature est un mystère.
2010
2011

*Sungai: Riviere 


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samedi 11 juin 2011

LA MALEDICTION DES FOURMIS

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Il y a les jours qui sont comme tous les jours ordinaires et les jours qui, eux, ne sont pas tout à fait comme les autres. Ces derniers ont pour  particularité de signaler leur différence dès le saut du lit ; ce sont ceux la où par exemple je me cogne à tous les coins de meubles, où les poignées de portes veulent absolument me retenir par la manche, où la portière de ma voiture devient tout à coup vicieuse et les objets que je touche préfèrent tenter le saut périlleux jusqu’au sol, quitte à se fracasser à l’atterrissage, plutôt que de me laisser les prendre. Allez savoir ?                                                                                                          Il y aussi les jours où je prends la route au volant de ma voiture pour me retrouver être seule à vouloir dépasser le 60 ou, au contraire, les jours où tous les chauffards se sont donné le mot pour sortir à la même heure que moi, sur le même trajet que moi. Bref, il y a décidément des journées à thème comme celle d’aujourd’hui que je pourrais tout aussi bien baptiser « Journée Insectes ».


Tout a commencé alors que je traversais notre garage et que je faillis marcher sur un énorme rhinocéros qui était venu finir sa vie d’insecte (qu’alliez vous imaginer ?) juste devant ma  coccinelle VW noire. En anglais, le rhinocéros et ma coccinelle sont tous deux des « black Beetle ». A croire que le malheureux insecte etait mort de désespoir devant une demoiselle sortie de Jurassic Park ou de chez les Transformers. Je l’ai donc pris pour le poser à l’abri des fourmis.
"un énorme rhinocéros"


Alors que je retournais vers la porte de la buanderie, j’évitais à peine de marcher sur un insecte feuille, justement en train de se faire dévorer vivant par les fourmis. Même s’il m’arrive souvent d’en sauver en les ignorant, je hais pourtant  la cruauté de ces bébêtes ! J’ai donc ramassé le pauvre martyr en le prenant délicatement par ses ailes qui étaient fermées et réunies par-dessus son corps. Il n’y avait bien sûr rien à faire pour sauver mon protégé, mais je voulais tout de même lui offrir une mort moins horrible que de le laisser se faire dévorer vivant. J’ai pensé un instant le jeter dans les flots de la rivière, ainsi que je l’avais fait pour une chauve-souris qui s’était brisé une aile en heurtant une pale de ventilateur (erreur de radar !); les fourmis rouges l’avaient repérée en quelques secondes seulement. Mais cette fois ci, je manquais de courage ; alors je déposais mon insecte feuille sur une grande feuille végétale bien au dessus du sol et je rentrais dans la maison.
"un insecte feuille"


Quelques minutes plus tard, alors que la machine à laver avait terminé son cycle, je sortais par la même porte de la buanderie pour aller étendre le linge et j’évitais in-extremis, un serpent enroulé au pied de la marche. Je vérifiais, le reptile était bizarrement tordu et inerte. Il était mort ; sans doute l’un des chiens ; je devrais observer si l’un d’eux souffrait des symptômes d’empoisonnement ; j’ai malheureusement perdu un cocker qui avait empêché un cobra de pénétrer dans la cuisine (a une autre adresse). En Malaisie il n’y a pas de vaccin anti-venin pour sauver les chiens qui se sacrifient pour leur maitresse.                            Armée d’une longue pince, je retournais le serpent aux écailles noires et bleutées. Les deux cotés du corps (une quarantaine de centimètres) étaient décorés de taches oranges alternées sur toute sa longueur jusqu’au dessus des yeux. Je ne sais pas s’il était venimeux mais il était ravissant, digne d’inspirer un maitre joailler. Je décidais de disposer du corps en le jetant dans les buissons derrière la clôture. En passant juste à coté de l’insecte feuille, je remarquais qu’il avait enfin rendu sa petite âme, sans avoir été dévoré. Je l’avoue, j’étais fière d’avoir pu le soulager.
"le reptile était bizarrement tordu et inerte"


"il était ravissant, digne d’inspirer un maitre joailler"
 L’étendage terminé, je retournais à nouveau à l’intérieur de la maison. Perdue dans mes pensées sur ces morts en série, je traversais le salon et trouvais encore une autre victime étalée, ses ailes couleurs d’ambre grandes ouvertes sur le tissus blanc satiné de mon sofa : il s’agissait d’une libellule géante comme on en trouve ici. Je me tournais vers Caramel, mon caniche nain ; j’avais besoin de son avis ; il avait l’air tout aussi intrigué que moi. « Veux-tu y mettre la truffe ? » Non, ca ne lui disait rien ; j’y ai donc mis les doigts et c’est alors que la libellule s’est réveillée en sursaut et nous a faussé compagnie ; fin de malédiction ? 
"ses ailes couleurs d’ambre grandes ouvertes sur le tissus blanc satiné de mon sofa"

Une sonnerie familière me rappelait  au monde ordinaire ; je me précipitais vers le guéridon près de la fenêtre et reconnaissait à peine mon téléphone et le carnet d’adresses a sa droite: ils grouillaient de grosses fourmis rouges. Plus de doute, j’étais tombée victime de la malédiction des fourmis ! Heureusement je trouvais l’arme infaillible à portée de main ; en quelques jets bien précis, je décimais quelques centaines de ces ignobles carnivores assurant ainsi la vengeance de la chauve-souris et de l’insecte feuille. Il ne me restait plus qu’a nettoyer avant de décrocher. 


J’aurais voulu trouver des mots originaux pour terminer le récit d’une journée certes peu ordinaire, même pour Bornéo mais il me faut conclure en vitesse si je ne veux pas succomber à l’attaque aéroportée d’un bombardier noir. Ciao !

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vendredi 18 mars 2011

PARTIE A BORNEO : VII , SIX ANS PLUS TARD

SIX ANS PLUS TARD
1989

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Six ans et deux enfants plus tard Swee Ann et moi vivions en propriétaires dans une maison à un étage qui se trouvait au lieu dit « Seventh Mile » (le 7 ème Mile). L’habitude de nommer les lieux d’après le numéro de la borne correspondante remonte au XIXème siècle alors que régnait le Rajah Charles Brooke surnommé « l’architecte ». A cette époque là les distances étaient calculées à l’anglaise, soit en miles, à partir de la cour de justice de Kuching. De nos jours on parle encore du marché de « Third Mile » (3ème Mile), du bazar de « Tenth Mile » (dixième Mile), d’une ferme de « Twenty Fourth Mile » (24ème Mile), ou encore de la station essence de « Fifty Second Mile » (52ème Mile).
Lorsque nous rencontrions quelqu’un en ville qui  nous demandait : « Vous habitez où ? » Nous répondions : « A Seventh Mile… » Ce qui nous valait invariablement un air goguenard et toujours la même boutade: « Yah Gah ! A l’hôpital des fous ? ».
C’est vrai que l’hospice était à quelques centaines de mètres à peine de chez nous et qu’à l’époque la borne numéro sept représentait encore la limite de la zone sûre où s’aventurer la nuit tombée. Au bout de seize ans de paix on parlait encore des communistes ; après plus de cent ans on parlait encore des coupeurs de têtes ! Peu importe si « Seventh Mile » a toujours été un comptoir de commerce chinois très prospère. En fait les kuchinites avaient peur de tout et « Seventh Mile », surtout la nuit, était devenu l’épitomé de toutes leurs phobies : les fous qui rodaient en toute liberté ; les coupeurs de têtes à l’affût de crânes pour compenser leurs dieux pour tous les nouveaux édifices en construction ; quelques rôdeurs communistes qui seraient restés sérieusement mal informés et sacrément obstinés malgré la paix de Sri Aman…

Souvent lorsque nous rentrions de Kuching le soir en voiture et que nous passions devant le cimetière chinois de « Six and Half Mile » (sixième Mile et demi) je pouvais rarement résister à l’envie de ralentir et d’ouvrir grand les yeux dans l’espoir d’apercevoir la jeune fille dont nous avait parlé notre ami Wilfred qui était un homme très sérieux et à cheval sur l’exactitude des faits puisqu’il était inspecteur de police. D’après lui la jeune fille en question avait pour habitude de prendre le taxi à la sortie du cinéma en ville et de se faire déposer devant le cimetière. Les chauffeurs de taxi étant encore plus superstitieux que le commun des mortels, (...)

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dimanche 27 février 2011

PARTIE A BORNEO: VI – LA VIE D'EXPAT


Les photos illustrant le ebook sont au bas de la page...

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« Les voyages forment la jeunesse ».
« Et ils détruisent le bigotisme et les préjugés » m’avait un jour répondu un photographe américain qui était venu explorer Bornéo à travers l’objectif de son Nikhon. Il avait sans doute raison de penser que ceux d’entre nous qui partent découvrir, ne serait-ce que pour quelques jours, une région ou un pays qui leur est étranger, subissent un changement subtil dans leur façon de percevoir le monde au delà de leur zone de confort culturel. Pour les épouses ex-pats, par contre, venir vivre au Sarawak c’est pénétrer confiante en suivant son mari dans un univers pour le moins déconcertant où les préjugés ont la vie dure contre la compréhension et l’humour.

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"PARTIE A BORNEO"
              

 
"Jacinta était venue à mon secours armée d’une énorme paire de ciseaux"
En orange, c'est Jacinta.

Picsous en quarantaine de six mois avant de pouvoir vivre au Sarawak.

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vendredi 11 février 2011

PARTIE A BORNEO: V – HOME A KUCHING


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Les photos illustrant le ebook sont en fin de page...

Dés mon départ de Marseille, je m’étais crue tout à fait consciente de la réalité de ma situation et de ses conséquences à venir: j’allais devoir m’adapter au climat, à la langue, aux mœurs et au reste qu’il m’était bien sur impossible d’imaginer.
Les souvenirs encore tous frais de mon voyage de familiarisation à Kuching n’étaient pas vraiment encourageants, en particulier les moments difficiles avec ma belle famille et les amis de Swee Ann. En considérant ma situation sous le meilleur angle, j’allais repartir prévenue que le pari n’était certainement pas gagné d’avance. Comme celui d’un chat échaudé mon instinct était en alerte rouge même si j’étais prête à devoir faire beaucoup de concessions.
J’étais certes chargée d’intentions fort courageuses mais à la réflexion, que fallait-il que je change? Comment changer ? Et par quoi commencer ?  Jusqu’à quel point doit-on changer pour s’intégrer sans se perdre soi même ?

Tandis que devais m’adapter à un nouveau pays, Swee Ann quant à lui n’avait jamais vécu sans être entouré ou assisté. Il avait grandi dans une pension construite au milieu de la jungle, puis il s’était retrouvé dans un collège caserne à Jakarta, en Indonésie et finalement à bord d’un navire. Une chose était désormais certaine, je ne pouvais pas espérer beaucoup de conseils de mon mari. Tout bien considéré, la démarche de Swee Ann allait être à l’opposé de la mienne : j’étais prête à manquer de tout ; il avait presque tout à découvrir de la vie, à commencer par les transactions bancaires en lieu d’espèces pour acheter une voiture, notre voiture, un coupé Mazda bleu foncé, le top en vogue, deux portes et sans clim.

Ma première « mission impossible » avait été de m’installer at home. (...)

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L'abominable cicak de Borneo

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"il s’était retrouvé dans un collège caserne à Jakarta"
Swee Ann est a gauche
A droite, "Super Voisine" Jacinta Lee


Picsous en quarantaine veterinaire de 6 mois. Tres bien traite.

"Pendant la semaine j’allais m’achalander en légumes, poissons et crevettes au marché de la grande-mosquée qui était toute petite."

Les Samedi soirs ou les Dimanche matins, je manquais rarement de me rendre au Sunday Market surnommé « marché de la jungle »

Dès le Samedi midi, les étalages abrités par des bâches blanches rayées rouge et bleu ou  vert retrouvaient leur emplacement hebdomadaire sur Satok Road et dans ses ruelles transversales. Là où un étranger aurait pu voir une immense cohue il y avait un ordre et une logique bien établis entre vendeurs de viande, de volaille et de poissons qui se retrouvaient sur Satok Road même, avec tout au bout un coin pour la chasse.

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lundi 31 janvier 2011

PARTIE A BORNEO : IV – PAQUES CHEZ LES IBANS


Les photos illustrant le ebook sont en fin de page...

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 L’Institute of Technology Mara (ITM) m’avait semblé être le choix idéal pour ce que les américains appellent une « win-win situation » ; autrement dit j’avais besoin d’eux et ils avaient besoin de licenciés en anglais, comme moi. J’avais donc été convoquée pour une entrevue à laquelle je devais me présenter avec mes diplômes. Le jour dit je m’étais retrouvée assise sur une chaise en bois au dossier parfaitement raide, placée de manière stratégique au milieu d’une salle, face à une rangée de bustes masculins dont le reste du corps était dissimulé par la nappe en feutrine vert foncé qui recouvrait la table derrière laquelle ils étaient assis. L’image du Dernier Souper m’était furtivement venue à l’esprit; j’espérais ne pas être la pièce de résistance. 
Malgré ma position de vulnérabilité, j’avais refusé de me laisser intimider, pas même par le « colonel » en uniforme vert sauterelle garni de galons dorés. Le pompon rouge qui pendait de son béret devait certainement le chatouiller et je peinais pour lui, toutefois c’était un détail qui avait réussi à dédramatiser la scène dont je faisais partie; je me rappelais qu’après tout il ne s’agissait pas d’un interrogatoire mais d’une entrevue à laquelle je participais de mon plein gré pour avoir postulé à un poste de professeur d’anglais. Quant au « colonel » il m’avait l’air de s’être échappé d’une fanfare.
Ces hommes tout à fait sérieux avaient fait le voyage depuis Kuala Lumpur, pour évaluer les candidats. Ils avaient commencé par me poser quelques questions sur les conjugaisons et je me souviens les avoir semés dans ma réponse enthousiaste sur des différences entre le past perfect simple et le past perfect progressive. 
Ils me demandèrent ensuite, sans doute pour se venger, d’expliquer pourquoi les anglais prononcent « but » « bat » et « put » « pout ». A dire vrai, je n’en avais aucune idée alors et comme depuis je n’ai jamais eu assez de temps à perdre pour chercher la réponse à cette question je l’ignore encore.
Mes interrogateurs attendaient pourtant une réponse qui allait peut être décider de l’obtention de mon poste. Enfin j’avais choisi, en toute honnêteté, de laisser parler mon bon sens ; que le rôle d’un enseignant n’est pas de tout savoir et qu’au contraire le fait d’ignorer la réponse à une question peut être l’occasion d’inviter les étudiants à la participation. Ma réponse avait creusé un fossé immédiat entre ma chaise et la table de mes juges.
« Vous admettez devant vos élèves que vous ne savez pas ? !» 
Pour des hommes qui aimaient parader en uniforme alors qu’ils n’avaient sans doute jamais fait partie de l’armée, c’était du jamais vu, du jamais entendu. Je devais venir d’une autre planète, la planète Perancis, prononcer  pérantchiss, France.
« En Perancis on ne parle pas l’anglais, kah ? »
« Vos diplômes, ils ne sont reconnus qu’en France, kah ? »
Ce n’était pas le moment de perdre mon cool :
« Les diplômes d’universités françaises sont reconnus internationalement, Sir. »
« Pas en Malaisie, lah. »
J’avais eu la sagesse d’en rester au « no comment » ; fin de la conversation, « exit » Annie. Toujours optimiste, je leur avais néanmoins laissé les photocopies de mes diplômes.

Quelques jours plus tard quelle n’avait été ma surprise que de recevoir un message téléphonique transmis par une voisine : je pouvais passer à l’Institute pour prendre mon emploi du temps. Cocorico !
A ITM j’enseignais la grammaire anglaise aux jeunes bumiputras (malais et dayaks) pendant la journée et la rédaction administrative aux adultes le soir.
Mes élèves s’appelaient Mohamad, Kennedy, Mendelssohn, Rentap (héro Iban) et même Hitler. Ils n’étaient pas du genre studieux mais ils étaient tous adorables et respectueux, même Hitler.
Tous les campus d’ITM n’offraient pas les mêmes diplômes et celui de Kuching attirait aussi des Malais de la péninsule et des kadazans du Sabah.
Les Sarawakiens apprennent très jeunes à pratiquer l’art de l’hospitalité dont ils sont très fiers. Mes élèves dayaks n’avaient pas voulu laisser les malais du continent ni les sabahans repartir de Kuching sans leur avoir d’abord offert le grand tour : un séjour dans une longhouse iban. Dès le mois de février j’avais été conviée à une grande réunion organisée et présidée par Rentap et ses copains de classe ibans. Le comité était tombé d’accord sur une date : le week-end de Pâques.
Ma mission, si je choisissais de l’accepter, allait être de me charger de la logistique. Mon enthousiasme était à son maximum rien qu’à l’idée de partir chez les dayaks et j’avais accepté immédiatement sans savoir exactement ce à quoi je venais de m’engager. Grâce à Rentap et à son équipe j’allais enfin découvrir Bornéo au delà de Kuching. (...)

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"le comité d’accueil nous attendait au pied du tangga, l’échelle d’accès creusée dans un tronc dont le haut est sculpté en forme de tête."
LeTangga
puah kumbu
"les cranes des ennemis vaincus en combat."

« Vous admettez devant vos élèves que vous ne savez pas ? !» Avec mes eleves "uniformises" de l'Institute of Technology MARA. Eux en quaki et moi en zebre pour une classe d'anglais.


Mes élèves dayaks n’avaient pas voulu laisser les malais du continent ni les sabahans repartir de Kuching sans leur avoir d’abord offert le grand tour : un séjour dans une longhouse iban.


Batu Lintang m’était apparu comme une agréable surprise au milieu d’une campagne fertile cultivée avec grand soin où le verger était le point de fierté pour tout le village. La longhouse qui avait été construite en belles planches récupérées au défrichage se dressait sur fond de jungle sur des pilotis en belian, le bois de fer de Bornéo.


Grâce à Rentap et à son équipe j’allais enfin découvrir Bornéo au delà de Kuching. Tony Rentap et sa grand-mere.
Le foyer de la cuisine était soutenu par un grand échafaudage à deux étages fait de grosses branches solides. Minah dans sa cuisine
Je me suis portee volontaire pour la corvee de vaisselle du bout du monde.
En trois enjambées Lonnie le troubadour s’était retrouvé avec sa guitare sur un rocher plat qui surplombait la cascade ; nous avions enfin eu droit à la baignade et en musique ! Norifa en T.shirt orange.

A vrai dire je n’avais aucune idée du protocole vestimentaire pour aller se baigner dans la rivière, toutefois je me doutais que le port du bikini n’était pas en vogue ici.
[...] le pique- nique qui en un rien de temps était devenu l’affaire des garçons organisés en deux équipes spécialisées : les ibans au feu de camp et les malais à l’abattoir improvisé au bord de la rivière.



"Les nattes que j’avais aperçues servaient à faire sécher des graines sur le tanjong"
Je m’étais retrouvée véritable princesse iban assise sur un trône qui n’était rien de moins qu’un énorme gong ancestral, le prix de quelque échange de grande valeur avec des commerçants chinois d’antan.


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