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lundi 31 janvier 2011

PARTIE A BORNEO : IV – PAQUES CHEZ LES IBANS


Les photos illustrant le ebook sont en fin de page...

Mon profil d'auteur

 L’Institute of Technology Mara (ITM) m’avait semblé être le choix idéal pour ce que les américains appellent une « win-win situation » ; autrement dit j’avais besoin d’eux et ils avaient besoin de licenciés en anglais, comme moi. J’avais donc été convoquée pour une entrevue à laquelle je devais me présenter avec mes diplômes. Le jour dit je m’étais retrouvée assise sur une chaise en bois au dossier parfaitement raide, placée de manière stratégique au milieu d’une salle, face à une rangée de bustes masculins dont le reste du corps était dissimulé par la nappe en feutrine vert foncé qui recouvrait la table derrière laquelle ils étaient assis. L’image du Dernier Souper m’était furtivement venue à l’esprit; j’espérais ne pas être la pièce de résistance. 
Malgré ma position de vulnérabilité, j’avais refusé de me laisser intimider, pas même par le « colonel » en uniforme vert sauterelle garni de galons dorés. Le pompon rouge qui pendait de son béret devait certainement le chatouiller et je peinais pour lui, toutefois c’était un détail qui avait réussi à dédramatiser la scène dont je faisais partie; je me rappelais qu’après tout il ne s’agissait pas d’un interrogatoire mais d’une entrevue à laquelle je participais de mon plein gré pour avoir postulé à un poste de professeur d’anglais. Quant au « colonel » il m’avait l’air de s’être échappé d’une fanfare.
Ces hommes tout à fait sérieux avaient fait le voyage depuis Kuala Lumpur, pour évaluer les candidats. Ils avaient commencé par me poser quelques questions sur les conjugaisons et je me souviens les avoir semés dans ma réponse enthousiaste sur des différences entre le past perfect simple et le past perfect progressive. 
Ils me demandèrent ensuite, sans doute pour se venger, d’expliquer pourquoi les anglais prononcent « but » « bat » et « put » « pout ». A dire vrai, je n’en avais aucune idée alors et comme depuis je n’ai jamais eu assez de temps à perdre pour chercher la réponse à cette question je l’ignore encore.
Mes interrogateurs attendaient pourtant une réponse qui allait peut être décider de l’obtention de mon poste. Enfin j’avais choisi, en toute honnêteté, de laisser parler mon bon sens ; que le rôle d’un enseignant n’est pas de tout savoir et qu’au contraire le fait d’ignorer la réponse à une question peut être l’occasion d’inviter les étudiants à la participation. Ma réponse avait creusé un fossé immédiat entre ma chaise et la table de mes juges.
« Vous admettez devant vos élèves que vous ne savez pas ? !» 
Pour des hommes qui aimaient parader en uniforme alors qu’ils n’avaient sans doute jamais fait partie de l’armée, c’était du jamais vu, du jamais entendu. Je devais venir d’une autre planète, la planète Perancis, prononcer  pérantchiss, France.
« En Perancis on ne parle pas l’anglais, kah ? »
« Vos diplômes, ils ne sont reconnus qu’en France, kah ? »
Ce n’était pas le moment de perdre mon cool :
« Les diplômes d’universités françaises sont reconnus internationalement, Sir. »
« Pas en Malaisie, lah. »
J’avais eu la sagesse d’en rester au « no comment » ; fin de la conversation, « exit » Annie. Toujours optimiste, je leur avais néanmoins laissé les photocopies de mes diplômes.

Quelques jours plus tard quelle n’avait été ma surprise que de recevoir un message téléphonique transmis par une voisine : je pouvais passer à l’Institute pour prendre mon emploi du temps. Cocorico !
A ITM j’enseignais la grammaire anglaise aux jeunes bumiputras (malais et dayaks) pendant la journée et la rédaction administrative aux adultes le soir.
Mes élèves s’appelaient Mohamad, Kennedy, Mendelssohn, Rentap (héro Iban) et même Hitler. Ils n’étaient pas du genre studieux mais ils étaient tous adorables et respectueux, même Hitler.
Tous les campus d’ITM n’offraient pas les mêmes diplômes et celui de Kuching attirait aussi des Malais de la péninsule et des kadazans du Sabah.
Les Sarawakiens apprennent très jeunes à pratiquer l’art de l’hospitalité dont ils sont très fiers. Mes élèves dayaks n’avaient pas voulu laisser les malais du continent ni les sabahans repartir de Kuching sans leur avoir d’abord offert le grand tour : un séjour dans une longhouse iban. Dès le mois de février j’avais été conviée à une grande réunion organisée et présidée par Rentap et ses copains de classe ibans. Le comité était tombé d’accord sur une date : le week-end de Pâques.
Ma mission, si je choisissais de l’accepter, allait être de me charger de la logistique. Mon enthousiasme était à son maximum rien qu’à l’idée de partir chez les dayaks et j’avais accepté immédiatement sans savoir exactement ce à quoi je venais de m’engager. Grâce à Rentap et à son équipe j’allais enfin découvrir Bornéo au delà de Kuching. (...)

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"le comité d’accueil nous attendait au pied du tangga, l’échelle d’accès creusée dans un tronc dont le haut est sculpté en forme de tête."
LeTangga
puah kumbu
"les cranes des ennemis vaincus en combat."

« Vous admettez devant vos élèves que vous ne savez pas ? !» Avec mes eleves "uniformises" de l'Institute of Technology MARA. Eux en quaki et moi en zebre pour une classe d'anglais.


Mes élèves dayaks n’avaient pas voulu laisser les malais du continent ni les sabahans repartir de Kuching sans leur avoir d’abord offert le grand tour : un séjour dans une longhouse iban.


Batu Lintang m’était apparu comme une agréable surprise au milieu d’une campagne fertile cultivée avec grand soin où le verger était le point de fierté pour tout le village. La longhouse qui avait été construite en belles planches récupérées au défrichage se dressait sur fond de jungle sur des pilotis en belian, le bois de fer de Bornéo.


Grâce à Rentap et à son équipe j’allais enfin découvrir Bornéo au delà de Kuching. Tony Rentap et sa grand-mere.
Le foyer de la cuisine était soutenu par un grand échafaudage à deux étages fait de grosses branches solides. Minah dans sa cuisine
Je me suis portee volontaire pour la corvee de vaisselle du bout du monde.
En trois enjambées Lonnie le troubadour s’était retrouvé avec sa guitare sur un rocher plat qui surplombait la cascade ; nous avions enfin eu droit à la baignade et en musique ! Norifa en T.shirt orange.

A vrai dire je n’avais aucune idée du protocole vestimentaire pour aller se baigner dans la rivière, toutefois je me doutais que le port du bikini n’était pas en vogue ici.
[...] le pique- nique qui en un rien de temps était devenu l’affaire des garçons organisés en deux équipes spécialisées : les ibans au feu de camp et les malais à l’abattoir improvisé au bord de la rivière.



"Les nattes que j’avais aperçues servaient à faire sécher des graines sur le tanjong"
Je m’étais retrouvée véritable princesse iban assise sur un trône qui n’était rien de moins qu’un énorme gong ancestral, le prix de quelque échange de grande valeur avec des commerçants chinois d’antan.


"PARTIE A BORNEO" est en ebook

lundi 24 janvier 2011

PARTIE A BORNEO : III – Les Sarawakiens


Les photos illustrant le ebook sont en fin de page...

Mon profil d'auteur.

A notre débarquement du Bunga Permai nous avions eu à peine deux semaines pour nous organiser à Kuching. Swee Ann devait retourner à Jakarta pour obtenir son certificat de chef mécanicien. Son absence allait devoir durer trois mois durant lesquels il me faudrait trouver et m’installer dans une maison, apprendre à conduire à gauche et trouver un emploi. En bref j’allais devoir me débrouiller seule et apprendre à vivre dans un monde culturellement, linguistiquement et climatiquement étranger ; autant me parachuter sur une autre planète !

Sur la planète Sarawak doc, j’étais devenue une espèce rare ; quelques australiennes, trois ou quatre néo-zélandaises, une suisse, une bonne douzaine d’anglaises, écossaises et irlandaises, une espagnole et quelques autres européennes ; toujours des femmes souvent isolées dans le fin fond du pays et un anglais qui travaillait à Kuching.
Nous étions toutes classifiées ang moh tcha boh  (femme aux cheveux roux) et l’anglais ang moh tah poh (homme aux cheveux roux) par la communauté chinoise. Le fait que je suis très brune n’y a jamais rien changé. Les premiers européens débarqués en Chine (sans doute après Marco Polo) étaient à parement tous roux. Cette notion caricaturale de l’européen avait rapidement pris racine commune dans les esprits et avait fait son chemin jusqu'à Bornéo et ailleurs au gré des migrations.
En Malaisie les caucasiens ont droit à plusieurs surnoms qui varient d’un dialecte à l’autre. L’un d’eux  toute fois, est devenu universel d’un bout à l’autre du pays, de la péninsule jusqu’à Bornéo: « matt salleh ». Je voulais en savoir plus sur cette étiquette de « matt salleh » ; je m’étais finalement rendue compte qu’à peu près tout le monde en avait oublié la véritable signification. Le mérite historique d’avoir enrichi le vocabulaire régional revient, semble t-il, aux premiers marins anglais à avoir fait escale ici. D’après les « on dit » qui vont bon train, en ce temps là où l’île de Bornéo avait la réputation d’être particulièrement inhospitalière, les anglais seraient arrivés complètement ivres, sans doute d’avoir cherché dans le whisky le courage d’obéir aux ordres de débarquer chez les coupeurs de têtes. On dit qu’une première impression est souvent la bonne ? Avec l’accent local le « mad sailor » (marin fou) est devenu « matt salleh » pour le rester à jamais. Tous les caucasiens sont donc des « matt salleh » grâce à une poignée de marins ébriétés.
Femme (ou homme) aux cheveux roux, « matt salleh »… hors mis les appellations décidément incontrôlées, nous sommes reconnus dans la langue nationale de Malaisie, le bahasa Malaysia : « orang putih ». Nous sommes de personnes blanches !
Ces références, certes raciales, sont toute fois rarement racistes et souvent même remplies d’affection. Inutile de prendre offense. Ici on appelle un chat un chat, je suis blanche, un chinois est un chinois etc. (...)

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"PARTIE A BORNEO"

Le Bunga Permai
"James Brooke, l’aventurier anglais qui était devenu Rajah blanc du Sarawak"
Le Rajah "Charles Brooke avaient encouragé l’immigration des chinois"

Les "penans, un peuple nomadique dont le reste du monde extérieur a découvert l’existence grâce au Suisse Bruno Manser"

"PARTIE A BORNEO" Le ebook

lundi 17 janvier 2011

PARTIE A BORNEO : II-9, LE VOYAGE - Tokyo

Tokyo : Mon premier Typhon

Les photos illustrant le ebook "PARTIE A BORNEO" sont en bas de page.
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Ma vie à bord du Permai avait pris des airs de routine ponctuée par les escales. C’était un espace limité, certes, mais pour un navire de commerce c’était un bâtiment de luxe. J’allais régulièrement à la salle de sport et je profitais de la piscine couverte. Le grand carré aux murs garnis de mosaïques avait aussi un coin de réunion pour les parties de jeux de société et les séances vidéo. Je me souviens qu’un documentaire sur «  Les Prédictions de Nostradamus »  avait fait le plein. Un grand débat s’était engagé sur qui pouvait bien être l’homme au turban bleu qui allait lancer des missiles sur l’Amérique et réduire l’humanité à quelques millions d’âmes et ce en 1994. Le seul homme à turban bleu célèbre parmi notre groupe était un journaliste de télévision malaisien, un sikh et l’équivalent de notre PPDA national. Les imaginations allaient bon train : le sikh allait-il être licencié par sa chaine et dévoré par un esprit de vengeance formidable il allait réussir à détruire le monde à coup de nukes (armes nucléaires)? Tout ca parce qu’on lui avait retiré le micro ?
Dans le monde entier et dans chaque grand port les marins qui débarquaient avaient le droit de séjourner au Club des Marins qui offrait aussi des activités sportives et récréatives (comme a Göteborg), sans parler d’un bar fort apprécié (je pense à la bière des Philippines San Miguel servie au Club de Hong Kong). Un service de location de cassettes vidéo nous permettait d’alterner les soirées cinéma, les jeux et les fondues sur fond de guitare entre amis dans notre cabine. Les cassettes devaient être retournées à la prochaine visite du navire. Ce système permettait à l’équipage international de voir non seulement des films en anglais mais aussi en d’autres langues selon le pays de location.

Parmi les épouses d’officiers j’en étais venue à détenir le record de durée de « service » juste après la femme du commandant. Madame d’llemos était anglaise ; les autres étaient asiatiques et mamans de jeunes enfants qu’elles ne pouvaient pas abandonner trop longtemps aux soins des grands-parents. Katijah qui était aussi une jeune mariée avait profité de l’embarquement de son mari pour le suivre en voyage de noces, elle avait donc tout le temps pour profiter de son aventure et découvrir le monde au-delà du microcosme singapourien avant de devoir se consacrer à des devoirs d’épouse plus sédentaires.
Nous étions devenues très bonnes amies, surtout depuis Hambourg. Au départ de Pusan j’avais remarqué qu’elle n’était pas aussi gaie qu’à son naturel. Elle m’avait enfin confié qu’elle était sans doute enceinte et que la nouvelle venait beaucoup trop top pour elle et pour Anas qui n’avait pas encore terminé sa formation pour devenir capitaine. « J’ai besoin de cognac et c’est urgent ; aurais-tu une bouteille à me passer ? 
-L’alcool n’est pas une solution (je pensais à son état émotionnel).
-Ce n’est pas pour oublier, l’alcool très fort est une méthode traditionnelle pour
avorter .» (...)

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"PARTIE A BORNEO"


Le Bunga Permai
« Katijah qui était aussi une jeune mariée avait profité de l’embarquement de son mari pour le suivre en voyage de noces »
"un musée de cire où nous nous étions prises mutuellement en photo en compagnie de Gengis Kahn"
"Le Japon est un autre monde mais un monde accueillant où je m’étais sentie à l’aise, un monde dont je ne cesserai jamais d’aimer le souvenir."


"PARTIE A BORNEO" Le ebook

mardi 11 janvier 2011

PARTIE A BORNEO : II-8 – LE VOYAGE - Pusan

Pusan: le  rush d’adrénaline

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 A Pusan en Corée du sud j’avais débarqué seule. Swee Ann avait du travail aux machines et j’avais entendu dire qu’on pouvait trouver en ville des meubles et des bibelots aux motifs incrustés de nacre. Je comptais aussi m’acheter une veste chaude et la Corée offrait un rapport qualité prix très intéressant pour ce type de vêtements. J’avais fait appeler un taxi et j’étais partie avec l’adresse de retour dans ma poche. Les sièges du taxi avaient déjà servi une longue vie de courses et le rembourrage avait disparu depuis longtemps; j’étais assise sur un banc. J’avais été particulièrement intriguée par la présence d’une barre en acier fixée à hauteur d’épaule du chauffeur juste au dessus des dossiers des sièges avant. J’avais réussi à communiquer ma destination et le taxi avait démarré sans plus attendre. En quelques minutes nous nous étions enfoncés dans un tunnel. Un rapport ponctuel des événements préciserait que nous avions foncé dans un tunnel. Dans le rétroviseur je pouvais juger de l’expression de mon chauffeur et j’avais compris qu’il ne me dirait pas un mot jusqu’au bout de la course. Le visage reflété dans le miroir était celui d’un soldat en mission : délivrer paquet à destination - éliminer toute adversité. L’ennemi c’était tous les autres véhicules, y compris les super-poids-lourds qui roulaient devant nous ou ceux en provenance inverse. Il n’avait peur de rien mon GI Joe coréen ; les lignes blanches, simples ou doubles ne le concernaient pas et j’étais bien trop tétanisée pour avoir remarqué un seul feu rouge. Quand nous nous sommes finalement retrouvés en train de dépasser un camion-cylindre, mon chauffeur était couché aplati sur son klaxon, le regard inflexible fixé sur les pleins feux du 10 tonnes qui nous arrivait droit dessus en faisant hurler son avertisseur monstrueux. La raison d’être de la barre en acier m’était apparue dans un flash ; je m’étais cramponnée, pas un muscle qui ne fut prés pour l’impact imminent tandis que j’enregistrais la scène délirante qui se déroulait devant mes yeux écarquillés.
Mission réussie ; je croyais au miracle ! Enfin nous étions vivants.
Je m’étais enfin retrouvée debout sur mes deux jambes tremblantes dans la grand rue commerçante, une prière au cœur : « Saint Christophe protégez moi pour le voyage retour ! ». (...)

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