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dimanche 13 mai 2012

LE VIEUX GUERRIER SUR LA COUVERTURE

Mon Histoire En Ebook

Je n’ai jamais su son nom, et je n’ai jamais même songé à le lui demander. C’était le « Tuai Rumah » le chef de la longhouse de Kacong (prononcer catchon) sur la rivière Lemanak, à quelques heures de pirogues, de rapides et de marche à partir de la longhouse de Kesit.

Sur cette photo prise il y a une quinzaine d’années, il devait avoir soixante quinze ans ; mais les apparences trompent, surtout chez les indigènes de Bornéo ; il aurait pu tout aussi bien n’avoir que soixante ans.

La longhouse de Kacong était assez modeste ; elle n’avait qu’une dizaine de portes ; mais elle avait un charme infini, blottie sagement dans la vallée au bord de la rivière aux eaux claires. Malgré la distance et les difficultés (les rapides !) pour y accéder, j’avais pris gout à m’y rendre régulièrement et à y amener des touristes.

Lorsque une équipe de télé française m’avait contactée et demandé de les aider à trouver une vedette pour un épisode de « Faut Pas Rêver », que cette vedette devrait être une longhouse, Kacong avait été mon premier choix. L’équipe avait été ravie, le site était divin et l’accueil chaleureux.

Le lendemain de notre arrivée, le directeur d’équipe était très enthousiaste ; son histoire prenait forme autour de la vedette (la longhouse) ; il souhaitait à présent demander au Tuai Rumah de participer devant la caméra. Il n’osait pas ; le vieil homme avait l’air si frêle sur ses jambes couvertes de tatouages couleur lavande.

La veille à peine, Tuai Rumah avait charmé l’équipe de son histoire que j’avais traduite dans un micro discret. Il était venu d’ailleurs (je pense du Kalimantan) avec son peuple, alors qu’il était un tout jeune chef. Il avait fait un rêve particulièrement intense dont il avait parlé au Manan (sorcier) qui avait reconnu une prémonition : trois hommes chauves lui avaient recommandé de mener son peuple dans une autre contrée et lui avaient indiqué la direction à prendre. 

Il y avait eu un ‘ronding ‘ (réunion) durant lequel il avait relaté son rêve tandis que le Manan avait interprété. La décision avait été prise en commun et par tout le village ;  ils étaient partis guidés par leur foi qui les avait guidés jusqu'à ce site sur la rivière Lemanak.

J’avais demandé au chef, si cette exode avait été une bonne décision ? Il m’avait répondu qu’ils avaient vécu en paix (malgré l’insurrection communiste !), que le riz, les fruits, les sangliers et les poissons n’avaient jamais manqué.

Nous étions un petit groupe assis sur la natte du chef, au centre du « ruai » la véranda intérieure où les visiteurs sont reçus et où ils dorment la nuit venue. J’étais assis à la droite du chef, un autre homme de la longhouse à sa gauche et le directeur documentaire face à nous et entouré de plusieurs femmes curieuses et de leurs jeunes enfants. Lorsque je trouvais difficile de parler au chef en dialecte Iban, son assistant était là pour m’aider (nous communiquions en Malais).

Se sentait il de participer activement au cours métrage ? Pourrait-il grimper, sur une distance courte, le flanc de la colline prés de la longhouse ?

Il n’avait pas répondu tout de suite et il m’avait semblé, l’espace de quelques secondes, voir paraitre l’expression d’un un malin plaisir. Il me regarda enfin et pris ma main dans la sienne, enfin il nous donna sa réponse : « Inti nuan pegai tangan aku » (si tu me tiens la main).

Notes :

. La longhouse de Kesit et ses habitants, mes amis, avaient eux aussi été le sujet du même épisode de Faut Pas Rêver.

. Mon ami le Tuai Rumah de Kacong a quittés son village ; il apparait désormais dans les rêves du nouveau chef.

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