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vendredi 8 octobre 2010

LES ECORCES DE BORNEO

Tree of Life by Lucy Ang Abey


Une rivière qui cascade à travers la jungle tropicale, une basse-cour bruyante des animaux de ferme, des chiens et puis une grande maison en forme de boomerang ; je suis chez moi, dans ma ferme à Bornéo. Il y a plus de vingt ans que j’ai suivi Ian, mon mari, jusqu’au Sarawak, en Malaisie de l’Est. C’est la que je perpétue désormais la technique du boutis provençal sur des motifs ethniques et c’est aussi à partir de là que je rayonne sur les marchés d’Asie et d’Australie, certaine d’y découvrir à chaque fois des merveilles de tissus, et dont je ne reviens jamais déçue.

Les artistes du takalong


Catherine Senia Anak Jugi


Rêves d’Asie, rêves des soieries et de batik aux couleurs des tropiques… et pourtant le vêtement d’origine du groupe ethnique le plus important de l’ile de Bornéo, les Ibans, est fait a partir de la fibre la plus sobre que l’on puisse imaginer : l’écorce d’arbre !


La famille de Catherine Senai Anak Jugi perpétue la tradition ancestrale qui veut que les hommes coupent les takalongs (arbres et plantes de la famille des moracées poussant dans les régions tropicales) avant de défricher le terrain, à flanc de colline, ou sera planter le riz de l’année à venir. L’écorce du takalong servait autrefois, au même titre que les planches, à fabriquer les cloisons des longhouses, ces villages qui s’étirent en longueur sous un toit unique. Un jour enfin, l’idée est venue aux Ibans de la battre au marteau en bois afin de l’affiner et de la ramollir jusqu'à pouvoir confectionner des plaids, des sarongs et des pagnes pour les hommes. Les Jugi traitent l’écorce selon des critères bien précis dictés par Catherine. Elle se sert des panneaux assouplis pour ses créations qui sont essentiellement des boites et des sacs qu’elle réalise au Centre Artisanal de Kuching. L’usage des marteaux, plutôt que des rouleaux, permet d’effacer les irrégularités d’épaisseur d’un panneau entier qui pourra quasiment doubler de largeur en fin de traitement. Il s’agit là d’un travail délicat, car il faut à tout prix éviter les trous qui sont irréparables.


Une fois l’arbre déshabillé, la famille Jugi n’a que deux jours tout au plus, pour battre l’écorce avant qu’elle ne durcisse définitivement. Catherine aime l’écorce affinée jusqu'à obtenir la souplesse d’une étoffe qu’elle pourra travailler à son gré.

Lucy Ang Abey



Il fallait de l’audace pour transformer des morceaux d’écorce en véritables œuvres d’art. Pari tenu par Lucy Ang Abey qui réalise des tableaux brodés à faire rêver.


Lucy est née à Manille de parents chinois partis chercher la paix qui n’existait plus dans leur pays. La maman de Lucy, qui portait de toutes petites pantoufles brodées par-dessus des bandelettes blanches qui lui emmaillotaient les pieds, a personnellement enseigne à sa fille les travaux d’aiguilles selon la tradition chinoise. A huit ans, Lucy avait déjà tout appris de la broderie : l’école, qui en faisait alors un sujet majeur pour les filles, n’avait plus rien à lui apprendre dans ce domaine. En 1973, Lucy épouse Kenneth qui la ramène chez lui, à Kuching, la capitale du Sarawak où elle sera vite adoptée par le groupe ethnique de son mari et c’est parmi les Bidayuhs qu’elle découvrira l’usage de l’écorce de takalong dont les femmes se servent pour faire des vestes d’apparat pour leurs ex-guerriers de maris. Un panneau devant servir à la réalisation d’une veste, qui se fait en un seul morceau, doit mesurer 1,80m de longueur.




En 1999, l’Atelier Sarawak, une association ayant pour mission de promouvoir l’artisanat de pays, propose a Lucy de créer un ouvrage brode sur un support naturel. Il sera expose a l’UNESCO Prize Award à Hyderabad en Inde, Une passion été née : la broderie sur écorce de takalong. Pour réaliser ses œuvres, Lucy utilise des figures géométriques qu’elle embellit selon son inspiration en suivant le dessin place au verso de l’ouvrage. La broderie sur écorce réserve souvent des surprises désagréables : les fils et les couleurs envisagés ne tiennent pas toujours leurs promesses et tout est à refaire ! Encouragée par Lucy, je me suis donc lancée dans un redwork sur écorce de takalong, mais contrairement à mon amie, j’ai appose le motif dessine sur une feuille de papier soie sur le recto de mon ouvrage. Le motif d’inspiration chinoise convenait parfaitement à ce casse-tête ! Mais tandis que Lucy blanchit le takalong a la javel puis le colore parfois à partir de teintures végétales, je préfère, quant a moi conserver le charme naturel et rustique de l’écorce.


L’expérience du redwork avait allume une étincelle dans ma tète qui ne m’a plus quittée. Désormais persuadée de la versatilité du takalong, j’ai voulu l’utiliser de façon pratique chez moi. L’occasion s’est présentée alors que je recherchais des idées de coussins originaux pour ma terrasse ; je me suis souvenue d’un cours de patchwork de mon amie Claude Mougey ; du takalong et un sarong, et je n’ai plus su m’arrêter ! La housse de coussin a grandi et mon premier mural en patchwork takalong-batik était né.



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