1989
Six ans et deux enfants plus tard Swee Ann et moi vivions en propriétaires dans une maison à un étage qui se trouvait au lieu dit « Seventh Mile » (le 7 ème Mile). L’habitude de nommer les lieux d’après le numéro de la borne correspondante remonte au XIXème siècle alors que régnait le Rajah Charles Brooke surnommé « l’architecte ». A cette époque là les distances étaient calculées à l’anglaise, soit en miles, à partir de la cour de justice de Kuching. De nos jours on parle encore du marché de « Third Mile » (3ème Mile), du bazar de « Tenth Mile » (dixième Mile), d’une ferme de « Twenty Fourth Mile » (24ème Mile), ou encore de la station essence de « Fifty Second Mile » (52ème Mile).
Lorsque nous rencontrions quelqu’un en ville qui nous demandait : « Vous habitez où ? » Nous répondions : « A Seventh Mile… » Ce qui nous valait invariablement un air goguenard et toujours la même boutade: « Yah Gah ! A l’hôpital des fous ? ».
C’est vrai que l’hospice était à quelques centaines de mètres à peine de chez nous et qu’à l’époque la borne numéro sept représentait encore la limite de la zone sûre où s’aventurer la nuit tombée. Au bout de seize ans de paix on parlait encore des communistes ; après plus de cent ans on parlait encore des coupeurs de têtes ! Peu importe si « Seventh Mile » a toujours été un comptoir de commerce chinois très prospère. En fait les kuchinites avaient peur de tout et « Seventh Mile », surtout la nuit, était devenu l’épitomé de toutes leurs phobies : les fous qui rodaient en toute liberté ; les coupeurs de têtes à l’affût de crânes pour compenser leurs dieux pour tous les nouveaux édifices en construction ; quelques rôdeurs communistes qui seraient restés sérieusement mal informés et sacrément obstinés malgré la paix de Sri Aman…
Souvent lorsque nous rentrions de Kuching le soir en voiture et que nous passions devant le cimetière chinois de « Six and Half Mile » (sixième Mile et demi) je pouvais rarement résister à l’envie de ralentir et d’ouvrir grand les yeux dans l’espoir d’apercevoir la jeune fille dont nous avait parlé notre ami Wilfred qui était un homme très sérieux et à cheval sur l’exactitude des faits puisqu’il était inspecteur de police. D’après lui la jeune fille en question avait pour habitude de prendre le taxi à la sortie du cinéma en ville et de se faire déposer devant le cimetière. Les chauffeurs de taxi étant encore plus superstitieux que le commun des mortels, (...)
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